Saya, elle peut enfin toucher le ciel

Une jeune fille était assise sur un tabouret de bois. Elle était menue, un corps svelte pour une peau pâle, pourtant elle ne semblait pas souffrante. En effet, des douces mains aux doigts fins peignaient avec agilité et élégance ses cheveux aux reflets rosés. Ils étaient long et soyeux. Elle laissa quelque mèches vagabonder devant son visage ovale, cachant ses oreilles arrondies et encerclant sa frimousse enfantine.

Elle s'approcha de son miroir et continua sa tâche avec plus d'assiduité. On remarque tout de suite ses yeux bleus, un bleu lagon qui vous fait chavirer. Des cils magnifique les ornent tandis que ses sourcils si fins et bien tracés les couronnes. Une mèche barra son visage par le milieu, avec sa main, elle la retira délicatement, nous laissant découvrir un petit né légèrement retroussé. La jeune fille souffla d'exaspération, faisant virevolter une ou deux mèches roses. Ses lèvres roses pâle laissaient cachées des dents immaculées.

Saya lâcha sa coiffure d'un geste agacé et laissa retomber sa chevelure sur ses épaules. Elle marcha jusqu'à une petite fenêtre et regarda la rue agitée en silence. La fille n'était vêtue que d'une nuisette rose pâle, bientôt elle irait se changer pour sortir dans cette rue bruyante. Elle enfilerait un jean noir, un t-shirt de cette même couleur mais avec néanmoins quelques dessins fantaisistes. Des bottes montantes, avec des rubans accrochés de pars et d'autres, viendraient compléter l'ensemble. Au passage, elle prendrait sa veste de cuire noir, et partirait en claquant la porte.

Ses bottes résonneront dans l'escalier, et claquerait toutes les portes intermédiaires menant jusqu'à la sortie de l'immeuble et regarderait l'immense bâtisse disparaître au loin, au fur et à mesure de ses pas, frôlant le bitume glacial sous ce ciel sombre.

Elle sortit de l'immeuble précipitamment comme à l'ordinaire, c'était dans sa nature de faire les choses ainsi, quitte à se tromper, autant faire les choses rapidement puis recommencer. L'attente et la patience, ce n'était pas vraiment son truc. Elle perdait parfois son calme, et lorsque cela arrivait, mieux valait ne pas être trop près d'elle... Son miroir en avait fait les frais un bon nombre de fois.

Un sourire traversa son visage en repensant aux multiples fois où il avait fini fracassé contre un mur. Un sourire, ils n'étaient pas rare, loin de là. Elle avait même le rire facile, mais de là à rigoler avec des inconnues où des personnes rencontrées depuis quelques heures, elle n'aimait pas ça. Elle gardait son sang-froid, était un peu distante, écoutait les conversations, mais ne s'y prêtait pas toujours. Elle préférait rester effacée, attendant que l'on vienne à sa rencontre, qu'on vienne lui parler. Elle ne faisait jamais le premier pas, ou qu'à de très rare occasion et c'était seulement lorsque la personne en face d'elle en valait la peine.
Son regard balaya la rue. Il était fier, orgueilleux, enfin... c'est ce qu'elle laissait paraître. Derrière ces prunelles se cache une fille fragile, en manque perpétuel d'affection, sensible et touchante. Mais cette partie d'elle restait dissimulé, afin d'éviter que quelque chose de néfaste ne soit fait à son encontre.

Elle cogna contre une canette qu'elle envoya rouler au loin. Des passants vinrent la dévisager, en premier réflexe elle baissa la tête. Mais rapidement, elle la releva fièrement et lança sur les deux jeunes gens un regard pleins de fougue et de fierté. La jeune fille accéléra la pas. Elle s'arrêta, déplia un bout de papier gardé dans le fond de sa poche et y lut l'adresse. Ça y est. Elle était arrivée.

Laissons Saya attendre ici... Fouillons plutôt dans son passé...

Cet enfant de sept ans, comme à l'ordinaire, jouait dans un grand saule pleureur. Elle aimait grimper, de plus en plus haut. Toujours plus haut, jusqu'à toucher le ciel ! La petite fille riait, était joyeuse et pleine de vie. Elle gravissait le tronc de l'arbre encore et encore. De plus en plus haut encore. Elle s'accrochait agilement de branches en branches. Elle s'assit contre le tronc, désirant reprendre son souffle quelques instants, laisser du répit à sa faible anatomie. Un joli papillon rose vint se poser doucement sur son genou. Ses jambes étaient rabattues contre son petit corps. Aussi elle n'osa plus bouger, plus respirer, de peur de faire partir l'adorable animal. Son visage se trouvait tellement proche du lépidoptère qu'elle ferma les yeux, essayant de ressentir le vent engendrer par le battement de ses ailes. Elle ouvrit les yeux et redressa la tête, alors le papillon s'envola. Lui aussi, il voulait toucher le ciel ?

La fillette se redressa et continua son ascension, toujours un sourire pendu au coin de ses lèvres. Les branches se faisait de plus en plus fines et de plus en plus espacées. Heureusement qu'elle était agile et fines. Alors qu'elle pensait arriver à la cime, la voix de sa mère s'éleva dans les airs. Ce n'était pas sa douce voix qui ressemblait aux chants des oiseaux... non... c'était un cri désespéré. Elle cria par la fenêtre à la petite de rester caché dans l'arbre et de ne pas descendre. Elle devait rester caché et ne rien dire ou faire peu importe ce qu'il se passait. La petite fille s'assit alors de nouveau et attendit patiemment que sa maman lui dise de continuer de jouer.

Hélas... Elle n'eut pas à attendre longtemps. Une, deux, puis trois voitures se garèrent présentement dans l'entrée. Quatre hommes par voitures sortirent, aussi rapide qu'un jaguar et féroce qu'un lion. Ils portaient tous un pistolet à la main et tous allèrent dans la maison. Saya était toujours dans son arbre et regardait, entendait aussi. Des cris fusaient de la maison à travers portes et fenêtres. Des cris de supplications, des cris vengeurs, des cris d'agonie, de peur, des prières même. La fillette plaqua ses mains sur sa bouche, réprimant un hurlement de terreur. Des coups de feu se faisaient entendre. Les hommes sortirent de la maison en toute hâte, allèrent dans leur voitures puis partirent.

Le silence se fit maître. Même les rossignol n'osaient plus égayer l'atmosphère. La petite n'avait pas saisie tout ce qu'il s'était passé, aussi elle descendit rapidement de l'arbre et couru jusqu'à la demeure. Dans l'entrée elle vit le corps de sa mère, gisant sur le sol dans un bain de sang. Elle avait la bouche et les yeux ouverts. On aurait dit qu'elle fixait l'enfant, encore et encore. Saya prit peur et couru dans la maison, dans chaque pièce était étendu le corps soit d'un membre de sa famille ou du personnel. La petite sorti de la maison en toute hâte et s'allongea au pied du saule pleureur. Elle se roula en boule et ne bougea plus, traumatisé au jamais par ce qu'il s'était produit.

Saya avait 19 ans désormais. Elle vivait avec un homme qui l'avait recueillit chez lui. Elle vécut avec lui durant huit ans. Le vieil homme s'était éteint quelques semaines plus tôt, dans la chambre de son appartement, la petite Saya à ses côtés. À sa mort, le vieux monsieur lui avait remis une belle bague argentée, avec en son centre un belle pierre bleu nuit. En plus de ceci, l'homme lui donna un papier sur lequel figurait l'adresse d'une organisation. Celle-ci pouvait lui permettre, à ce que lui à dit l'homme, de venger la mort de sa famille assassinée par des mafiosos. L'homme ne fut plus rien.

Saya, après la période de deuil, se remit difficilement du départ de son père adoptif. Elle venait de perdre sa deuxième famille... Peut-être que le troisième serait la bonne ?