HRP : Bonsoir à toutes et à tous.
Voilà, donc, une semaine après avoir achevé l'entraînement de mon personnage dans l'une des salles adéquates, je compile les 4 Actes qui le composent. Donc, pour situer chronologiquement tout cela, ça se passe après le retour de la Famille du Mont Olympe, et après une petite virée dans les mines,
ici. Pas grand chose d'autre à savoir, à vrai dire... Enfin voilà, pour ce qui n'ont pas encore lu mais se trouvent intéressés, voici donc la version finale de l'entraînement de Léon Anawak pour la Cambio Forma !
Acte 1
Léon Anawak déambulait dans la grande propriété de l’Eterna Famiglia, toujours en construction, mais déjà bien aboutit, et déjà magnifique, respirant la richesse de la récente Famille. Il s’était toujours sentit un peu étranger, ici, pas tout à fait à sa place. Mais depuis son retour, avec tous les autres, du Mont Olympe, il était enfin pleinement intégré dans cette demeure, avec ses gens, ses amis, sa Famille. Ils étaient unis par des liens puissants, pratiquement fusionnels, et malgré quelques tensions possibles, ils étaient soudés et à l’écoute les uns des autres. C’était comme ça qu’il avait toujours imaginé une vraie Famille, même dans le monde mafieux : unie. Et il n’avait pas trouvé une telle unité du temps où il était dans la Millefiore Famiglia, chose faite ici. Il était l’un des sept Gardiens Eternels, et se sentait terriblement bien ici…
Le Ciel des Eternels sortit de l’allée pavée dans laquelle il se trouvait depuis quelques minutes, et partit se promener dans des petits sentiers dans la forêt aux grands arbres attenante aux bâtiments de la Famille. Ici, la végétation était souveraine de la vie. Il y avait bien entendu une faune également bien développée, mais au plus profond des bois, même les oiseaux cessaient de chanter, et un silence religieux et imposant régnait, dans la pénombre ambiante. Il aimait assez se sentir au calme, ici, isolé de tout, et même des bruits des machines travaillant sur le QG. Il s’arrêta au bord d’une petite source d’eau sortant d’entre deux rochers, et formant une petite mare survolée par des libellules et des éphémères. Accroupis au bord de l’eau, contemplant d’un air distrait le reflet que lui renvoyé la surface miroitante.
Les minutes passèrent, toutes aussi calmes, douces et silencieuses. Puis il y eut un coup de vent, qui emporta une grande feuille de chêne sur l’onde, qui se déforma, les vaguelettes se propageant en cercles concentriques et modifiant le visage d’Anawak dans le miroir liquide. Le jeune homme prit une inspiration et se saisit de la feuille qui l’avait ramené à la réalité. Il la contempla à son tour, puis la relâcha, la laissant doucement glisser le long de ses doigt pour retomber dans la petite mare.
Le mafieux se releva et se remit en marche, sans un regard pour ce coin de paradis, cathédrale de végétation dans une clairière isolée du monde, vers l’orée du bois. Quand il fut ressortit de la dense et grande forêt, il retrouva le chemin blanc qu’il suivait avant sa dérive au milieu des arbres et de la nature. Continuant à marcher sans but précis, il trébucha soudain sur une dalle dépassant légèrement plus que les autres. Il jura machinalement, et aperçu du coin de l’œil un reflet d’or à son doigt. Son Anneau du Ciel, nouvellement acquis en Grèce… Il en était terriblement fier, de cet artefact. Un petit serpent d’or se mordant la queue. L’Ouroboros symbole de sa Famille. Il avait à nouveau reprit cette forme-ci… Etrange. Lorsqu’il s’était battu dans les mines, aux côtés de la petite Alice et de Gin, il s’était passé un phénomène inattendu : sa bague avait radicalement changé de forme, et s’était transformé en deux objets. Un autre Anneau qui avait prit la place du précédent, et un bracelet à son poignet droit, tout nouveau et resplendissant. Avec ces deux choses, pendant un moment, il s’était senti invincible, intouchable, surpuissant… Un sentiment de bien-être hors-du-commun l’avait envahit. Mais depuis, il l’avait quitté, lorsque quelques temps plus tard, il avait reprit sa forme d’origine.
« Dommage, tout ça » dit-il simplement pour ponctuer un peu ses pensées. Sa voix était légèrement rauque. Il parlait peu en ce moment, restant souvent seul et marchant dans la propriété de la Famille. Il s’entraînait beaucoup, mettant au point de nouvelles techniques pour devenir de plus en plus fort. Il en avait mit en point quelques-unes, depuis son dernier combat, contre Saikô, et ne comptait pas s’arrêter là. En ce moment, il travaillait sur une nouvelle forme de combat, qui pourrait lui donner un gain de pouvoir radical, s’il parvenait réellement à la mettre au point… Mais il avait beaucoup de difficultés !
Plus ou moins consciemment, les pas du jeune homme l’avaient d’ailleurs conduit vers la salle d’entraînement qu’il utilisait presque tous les jours. Il y en avait beaucoup, sur la propriété de l’Eterna Famiglia, certaines étaient de simples gymnases, des salles de musculation, etc., alors que d’autres étaient très utiles, renfermant juste ce qu’il fallait à certains types d’éléments pour s’entraîner durement. Lui restait souvent dans la salle de diamant, nommé ainsi non pas à cause de la matière dont étaient faits les murs, mais juste en rapport avec la solidité de ceux-ci. Malgré leur résistance, il les avait déjà par trois fois réduits à néants, en une semaine d’entraînement intensifs… La salle souterraine était heureusement bien conçue, et il ne s’était pas pris le plafond sur la tête, mais il s’en était fallut de peu. Heureusement, malgré les destructions occasionnées, il existait des agences qui pouvait construire très rapidement des bâtiments au summum de leur solidité, et c’est pour ça que d’un jour à l’autre, il pouvait réutiliser les mêmes installations.
En revanche, s’il y avait au moins une personne qui n’était pas très contente de ça, c’était Ayame, sa chère supérieure ! Les coûts de reconstruction, en plus des frais occasionnés par le QG en travaux, n’étaient pas donnés, et en raison de son entraînement, Léon ne rapportait pas beaucoup d’argent à la Famille, puisqu’il n’avait pas le temps de remplir beaucoup de contrats. Il se promit néanmoins de récolter un peu dans quelques jours, pour aider sa dirigeante et sa Famille !
Arrêtant momentanément le flot incessant de ses pensées virevoltantes, il poussa les premiers battants pour entrer dans le bâtiment. Il passa trois contrôles, descendit deux étages, et arriva enfin où il le désirait : la salle de diamant. Large, longue, immense, comme une immense boîte aux murs gris, blancs, noirs et oranges, respirant la solidité. L’air y était frais, agréable, pur car ramené de l’extérieur par des conduits d’aération. Un grand nombre de caméras de haute précision se trouvaient là, un peu partout, et on pouvait visionner les vidéos dans le local prévu à cet effet pour corriger ses défauts en entraînement. Pour la technique qu’il travaillerait encore aujourd’hui, il s’était déjà largement observé, mais ne comprenait pas d’où venait le problème…
Il réessayerai, aujourd’hui encore. Inlassablement… Une seule appréhension demeurait : celle de revoir à nouveau L’Autre…
Acte 2
Léon Anawak resta debout à l’entrée même de la grande salle, contemplant l’état dans lequel elle se trouvait, parfaitement remise à neuf depuis la veille au soir. Qui aurait pu croire qu’elle avait été quasiment réduite en miette moins de douze heures plus tôt ? Bien évidemment, personne. Et pourtant, c’était le cas. Mais maintenant, il n’avait plus à y penser. Les dégâts, ce n’était même pas réellement sa propre puissance qui les avait causés, c’était L’Autre, encore et toujours. Il s’était montré plus rusé et plus fort encore qu’avant. Comme si à chaque fois que le jeune homme devait le rencontrer, il le connaissait de mieux en mieux. Peut-être cela tenait-il du fait que les affrontements étaient trop rapprochés, ou que son appréhension montait en flèche dès qu’il l’apercevait, systématiquement ?
Quoi qu’il en soit, la journée d’hier avait été un vrai fiasco, et un pur. Et Léon espérait qu’aujourd’hui, ce ne serait pas le cas. Non, aujourd’hui, il devait faire mieux. La Coupe des Duos approchait à grand pas, et il connaissait d’hors et déjà ses premiers adversaires : la team des Enflammés. Filiden Derrial, ancienne Couronne Funéraire des Millefiore, et actuellement Parrain de la toute nouvelle et naissante Sumeria Famiglia. Et l’autre, c’était Kuna, Kuna anciennement le chef de la Fenice Nera, celui qui l’avait battu à plate couture lors de leur affrontement. Deux très grosses pointures. Primo et lui auraient intérêt à s’accrocher et à faire tout ce qu’ils pouvaient… Et c’est pour cela que dès ce soir, il devait avoir maîtrisé le mieux possible sa nouvelle technique !
Sans un regard pour les caméras, dont il connaissait par cœur chaque emplacement, le jeune Gardien s’avança jusqu’au centre de la pièce, où il s’immobilisa et ferma ses yeux myosotis. Il respira calmement, lentement. Pour entrer dans l’état qu’il cherchait à trouver, il devait faire le vide en lui, et se laisser envahir par la douce et impérieuse harmonie du Ciel. Et c’est ce qu’il tâcha de faire. Lorsqu’il se sentit prêt, il relâcha d’un coup toute la puissance qu’il pouvait recracher ainsi, laissant ses Flammes oranges s’éparpiller en tout sens, jusqu’à plus de dix mètres de distance, comme s’il se trouvait au cœur même d’un véritable brasier en furie.
Dans le chaos général que cela produisait, Anawak saisit à sa ceinture une petite boîte métallique gravée des lettres Echidna et d’une tête humanoïde encadrée de serpents. Il inséra dedans son Anneau d’or, la petite pierre de topaze en avant, bien enflammé, pour ouvrir la Boîte et en faire sortir ce qui devait s’en extraire. Une forme vague, grosse, mouvante, comme une boule noire entourée de centaines de tentacules amovibles, difficile à distinguer au milieu des Flammes toujours tournoyantes telle une tempête d’une rage peu commune.
Le jeune homme cria quelques mots, apparemment en Italien, mais le son inaudible en comparaison du vacarme ambiant, se perdit dans la masse. Aucune importance, de toute façon. Soudainement, l’Anneau Eternel du Ciel et la Méduse invoquée par le jeune homme furent atteint d’une surbrillance étonnante et leur lumière rendit encore plus difficile leur distinction. Les muscles contractés au maximum, le Gardien sentit la Medusa del Cielo, son Echidna-Box, se rapprocher doucement, l’attirant en même temps. Il ferma les yeux, ses Flammes continuant de se répandre alentour, et attendit le contact. Comme un choque, d’une violence inouïe, produisant une onde silencieuse qui alla fracasser les premières plaques de kevlar constituant les nouveaux murs.
La tempête se calma rapidement, et au milieu du nuage de fumée et de poussières, deux silhouettes apparurent. L’une d’elle, Léon Anawak, dans le même état que celui où il était avant le flash, à une exception près : ses pupilles avaient changées de couleurs, l’iris s’étant teinté en noir, et la prunelle étant en revanche devenue blanche et brillante. Il semblait souffrir, et on voyait que son corps lui faisait mal, résultat du trop-plein d’entraînement de ces jours derniers. En face de lui, environ à vingt mètres, dans les airs… un second Anawak ! Mais on aurait cru qu’un négatif avait été passé sur lui. Sa peau était noire, d’un noir de jais profond, les mèches de cheveux blanches et ébènes s’étaient inter changées, son pantalon et sa chemise étaient devenus plus ou moins gris clair, blancs. Son regard, lui, était blanc et vide. Il ne semblait pas souffrir le moindre mal, et il respirait une confiance sans mesure, un sourire vague se dessinant sur ses lèvres. Autre changement frappant avec le vrai Léon : il portait sur lui un équipement particulier. Il avait un genre de gilet métallique avec un gros cercle sur la poitrine, son bras gauche était recouvert de plaques de métal agencées de manière à former une protection lourde, et des lanières informes et étranges flottaient dans son dos, molles. Au nombre de six, elles crachaient doucement des Flammes qui semblaient le maintenir ainsi dans les airs. Aussi, alors que l’Anneau du vrai Gardien était resté inchangé, celui de l’ « usurpateur » avant reprit la forme dédoublée en un bracelet et une bague, tout deux sur le poignet et le majeur gauches.
Rien ne semblait plus normal, dans cette salle de diamant contenant maintenant deux Léon Anawak… En tout cas, ce qui devait se produire, et qui se reproduisait depuis plusieurs jours, se produisit : le double fonça sur le vrai Gardien Eternel, concentré de puissance brut sur une flammèche en douleur et en peine, qui se devait de résister comme elle le pouvait. Le déplacement fut fulgurant, et le coup encore plus. Un poing enflammé envoya valser le jeune homme contre un mur, le réduisant un peu plus en miette, et le faisant souffrir plus encore. Il se sentait faiblard, et dans la totale incapacité de lutter. Et en tout cas, de lutter à armes égales…
Léon tentait de réfléchir, avant que L’Autre, encore et toujours, ne revienne l’attaquer. Mais il n’en n’eut guère le temps et se retrouva propulsé plus loin. Cette fois-ci, il eut un moment de répit, puisque son double semblait savourer par avance une nouvelle victoire. Le jeune homme rassembla ses pensées : ces trois derniers jours de combats infernaux, il avait tout essayé contre lui. Ses révolvers et même ses deux Desert Eagles n’avaient aucun effet, aussi puissantes que soient les Flammes associées. Ses autres armes ne paraissaient que des jouets. Il n’avait pas voulut utiliser Rùmory, qui de toute façon ne se serait montré guère plus efficace. Il avait fait ce qu’il avait pu, et cela n’avait pas servit à grand-chose, il en restait réduit au même point, confronté à sa totale inutilité pour lutter contre son double surpuissant. Mais il avait tout de même deviner une chose : le seul moyen qui aurait pu lui donner un semblant de chances, c’était de se retrouver équiper de la même manière contre lui. Il avait fait ce qu’il avait pu pour changer la forme de son Anneau, mais rien n’y faisait, il n’y arrivait pas le moins du monde. Et c’était tellement frustrant ! Sinon, peut-être que la Percée aurait pu se montrer efficace, il n’en doutait guère, mais celle-ci demandait un certain temps de préparation, temps qu’il ne parvenait pas à trouver. Il n’avait aucun répit… d’ailleurs, L’Autre ne manqua pas de le lui rappeler en l’attaquant à nouveau.
Il n’en pouvait plus, se sentait épuisé, au bout du rouleau, usé jusqu’à la moelle, dépassé par les évènements, par une situation qu’il ne maîtrisait plus le moins du monde. Mais que faire, à la fin, que faire ? Ce furent les seules pensées qu’il pu articuler entre deux vols d’un bout à l’autre de la salle. Ainsi qu’une autre : douleur…
Acte 3
Léon Anawak ressentit une grande douleur envahir son corps. Les coups à répétition qu’il avait reçut de part son double lui valaient cette souffrance intolérable et impossible à chasser. Il se forçait à arrêter de fumer, en ce moment. Du moins, il essayait. Mais il fallait l’avouer, les résultats n’étaient pas des plus convaincants… Néanmoins, il faisait beaucoup d’efforts dans cette direction, et stopper la cigarette lui causait de fréquents maux de tête et de ventre, qui ne l’aidaient pas du tout actuellement. Il aurait aimé trouver un soutien, n’importe lequel, que ce soit dans sa tête ou dans la salle. Quelque chose qui lui aurait permit de tenir le coup plus longtemps. Car à nouveau, L’Autre apparaissait devant lui et un choc terrible lui vrilla les abdominaux et toute la cage thoracique.
« L’espoir fait vivre », se tue-t-on à nous apprendre. Mais pour quelle vie ?
Le jeune homme se répondit à lui-même, tout comme il s’était interrogé. L’espoir fait vivre pour nous amener à de plus grandes déceptions. Sans espoir, il n’y aurait pas de déceptions, puisque nous n’attendrions rien de particulier de la vie, rien d’autre qu’une monotonie lassante. Mais sans espoir, il n’y aurait plus moyen d’avancer, car rien ne nous motiverait à le faire. Aucune raison ne nous pousserait à faire quoi que ce soit d’autre qu’exister sans aucun but. Alors l’espoir devenait le propre de l’homme, qui accepte dès la naissance l’idée d’une mort au bout du chemin, avec laquelle il essaye de cohabiter, mais qu’il cache derrière des substituts de toute sorte. Un homme qui a conscience de pouvoir perdurer, qui prend conscience du temps qui passer, et qui surclasse toutes la biomasse par ce simple fait de conscience. Et cela amenait l’envie de vivre avec un but. L’envie de ne pas simplement survivre… Alors pourquoi se priver de l’espoir de continuer son petit bonhomme de chemin ?
Alors qu’il fonçait à toute vitesse contre l’un des murs de kevlar de la salle d’entraînement, Léon eut en une fraction de seconde le temps d’établir ce raisonnement dans sa tête. Et plutôt que de se laisser succomber à la tentation de ne rien faire, ne rien tenter, il décida d’agir, enfin. Il refusa l’inéluctable défaite à laquelle il pensait tout d’abord avoir à faire, et très rapidement se saisit de son Desert Eagle noir, fort heureusement accroché à un holster sur sa cuisse droite. Avant même d’avoir effleuré le mur, il le visa et tira, un coup. L’explosion noyée de flammes du Ciel le projeta en avant, comme il l’escomptait, sans occasionner de dégâts sur lui-même. Il tira plusieurs fois, plaçant précisément le long canon de son arme dans les directions souhaitées. Certes, L’Autre bénéficiait d’une vitesse clairement hors-du-commun, mais il n’était qu’un double sans âme, une créature inutile. Lui, il était réel. Et fort, il le savait.
Anawak se déplaçait donc le plus rapidement qu’il le pouvait grâce à son arme. Retouchant le sol, il se saisit de son second Desert Eagle, le blanc. Il mit en joug le corps mouvant et véloce de son double, des deux armes, et appuya simultanément sur les gâchettes, deux fois de suite. Mais comme il s’y attendait, l’effet fut mince ; la forme lui fonça dessus à toute vitesse, auréolée de flammes oranges.
« Il Volo dell’Aquila. » Pas besoin de crier, juste pour se rassurer, prononcer ces quatre mots annonçant la technique utilisée par le Gardien. Et aussitôt, il mit à exécution son Envol de l’Aigle, puisque trois nouvelles détonations, savant mélanges de la puissance conjuguée de ses deux pistolets, lui suffirent à se décaler sur le côté et à s’éloigner par la voie des airs. Certes, il ne volait pas, mais la vitesse et les flammes lui suffisaient pour éviter les attaques de l’ennemi. C’était déjà un bon point. Mais le jeune homme n’avait pas droit à l’erreur, car il devait au maximum éviter d’être touché.
En tout cas, la riposte commençait.
Gardant l’un des deux revolvers, le jeune homme rengainait l’autre, dont il avait pu une nouvelle fois constater l’inutilité. Sa main droite était maintenant libre. Il jeta un coup d’œil à son Anneau, légèrement brillant, excité par les flammes que dégageait Léon. Continuant de se déplacer aussi rapidement qu’il le pouvait, esquivant sans frapper l’adversaire énervé, il replongea en lui-même : comment s’était-il débrouillé, dans les mines ? Comment avait-il activé cette nouvelle forme de son Anneau ? Bonne question !
Il tentait de remettre ses idées en place, mais ça n’était pas simple, avec toute cette agitation et la concentration dont il devait faire preuve pour ne pas être encore frappé. Puis une phrase lui revint en mémoire : LUCE ABSENTE TENEBRAE PRAEVALENT. Celle gravée à l’intérieur de sa bague Eternelle. « Lorsque la lumière disparait, les ténèbres prévalent… » Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Il cligna des yeux, et ce court instant plongé dans le noir, alors qu’il devinait la forme fonçant droit sur lui, lui fit l’effet d’un éclair de lucidité et de connaissance. Il sut. Mais en remontant le rideau de ses paupières, il aperçu son double lui décocher une droite effrayante et enflammée, accompagnée d’un sourire de supériorité, qui l’envoya s’écraser contre d’autres plaques de kevlar. Merde ! Il avait comprit, mais il ferait bien de rester attentif au lieu de jubiler comme ça… Comprendre ne voulait pas dire qu’il avait gagné.
Bon, il fallait se reprendre en main. Et c’est ce qu’il fit. Il resta debout, parfaitement statique, rangeant même son second Desert Eagle. Il savait que L’Autre arrivait. Raison de plus pour lutter, pour se dépêcher, pour ne pas perdre une seule seconde de temps. Il isola sa vue au monde extérieur, et fit instantanément le vide dans son esprit, un vide comblé exclusivement par la pensée d’une petite flamme orange, douce, chaude, ultime rayon d’espoir dans le noir qui s’offrait à lui. Soudainement, à la seconde où il devait y avoir contact, contact il n’y eut pas.
Léon Anawak rouvrit grand les yeux, le myosotis de ses pupilles se confrontant au noir de l’ennemi. Son visage dénué d’expression au sourire narquois et effrayant du double. Avoir peur de L’Autre c’était avoir peur de lui-même. Et bien que cela ai pu lui arriver, ce n’était pas le cas actuellement. Une explosion de flammes orange eut lieu. Pas celle de l’adversaire. Les siennes, à lui. Et ce fut le double qui fut projeté plus loin et alla s’écraser contre un mur, brisant au moins trois ou quatre couches successives de kevlar. Le regard impassible, Anawak se tenait légèrement arqué, en garde, les muscles crispés et prêt à répondre. A son poing droit, de grosses flammes s’éteignirent, et laissèrent place à deux nouveautés : un bracelet couronné d’un dôme cristallin et encadré de six pierres, ainsi qu’un petit Anneau d’or et d’ivoire arborant le « E » de l’Eterna.
A travers le « E » d’Eternité, il était parfaitement apte à entrer dans la danse, et à la mener, à réduire à néant un adversaire qui lui avait donné tant de mal. Maintenant, il allait riposter, et attention, ça serait du grandiose. Le sang italo-américain de l’Eternel qui s’enflamme…
Acte 4
« LUCE ABSENTE TENEBRAE PRAEVALENT. » La phrase inscrite à l’intérieur de l’Anneau en sa première version. Le jeune homme y avait beaucoup réfléchit, il avait tenté de lui donner un sens. Mais il n’avait rien trouvé de très concret, qui puisse se rapporter aux divinités de la Grèce Antique, ou aux flammes. Non, il n’avait rien trouvé de bien utile à ce sujet. Et là, c’est dans le feu de l’action qu’il avait trouvé la réponse qu’il attendait. Il avait fait le vide en lui en donnant un sens à cette simple phrase : une mise en garde. « Attention, c’est en l’absence de lumière que les ténèbres prévalent… » Et les ténèbres, il devait les chasser. N’était-ce pas le rôle premier du Ciel que de chasser la nuit et ses noirceurs ? Si, bien entendu. Alors il avait du inverser la maxime. « TENEBRAE ABSENTE LUCE PRAEVALENT. » Lui, il devait faire revivre la lumière. Repousser les ténèbres. Eclairer le monde.
Et c’est ainsi que naquirent, ou que ressuscitèrent, les pouvoirs cachés de l’Anneau Eternel orange…
Léon Anawak n’avait pas sentit un regain d’énergie fulgurant, aucune fièvre du combat, aucune soif de victoire dépassant l’entendement, rien de tout ça ne l’avait envahit. Mais il se sentait bien, finalement, blessé de partout, des blessures et des contusions maquillant de rouge sang et de bleus ses vêtements et sa peau. Aucun intérêt à y voir une quelconque trace de masochisme, simplement, il avait comprit qu’il avait réellement une chance, contre l’adversaire. Que rien n’était perdu. Et en ayant fait retrouver à son Anneau cette forme, il savait qu’il s’approchait de la puissance de l’ennemi. Parce qu’il avait aussi comprit une chose : la force de son double, c’était la sienne. Il voyait bien la forme dédoublée de l’artefact du Ciel Eternel, rayonnante sur le poignet gauche de l’ennemi. Son équipement à lui se trouvait à droite, en revanche. Et maintenant, il ne restait plus qu’au mafieux à obtenir la même protection portée par L’Autre…
Ce dernier restait maintenant à distance. Une rage incommensurable tordait son visage, et il avait perdu le rictus narquois qu’il arborait depuis son apparition. Des flammes puissantes volaient en tout sens, impressionnantes de part leur taille et les ondes meurtrières qu’elles dégageaient. Il n’allait pas tarder à attaquer de nouveau, mais avoir été ainsi repoussé semblait le tenir en respect, comme s’il n’osait pas frapper aussitôt, suite à la riposte imprévue. Il est vrai que ces jours derniers, il n’avait pas été habitué à ça, puisque les victoires s’étaient enchaînées pour lui. Une haine sans nom l’habitait maintenant, une haine qu’il allait mettre à profit pour terrasser celui qui le faisait apparaître devant lui…
Pendant le laps de temps, le jeune Eternel observa donc l’adversaire, les deux se jugeant mutuellement. Puis son regard fut attiré par le cercle se trouvant sur la poitrine de L’Autre, au milieu des plaques de métal agencées de manière à former un parfait gilet imperméable à toute attaque extérieure. En tout cas en apparence. Ce cercle représentait l’emblème de la Famille, l’Ouroboros bien connu, entouré de serpents entortillés en tout sens, en somme un très bel ouvrage. A quoi cela lui faisait-il penser… Ah, il savait ! A Athéna, la déesse de l’Antiquité, qui portait sur elle l’un des attributs prêté par son père, Zeus : l’Egide. Et qu’est-ce qui figurait là-dessus ? La tête de la Méduse ! Zeus et la Méduse, les deux clés pour parvenir à ce résultat de puissance… Son Echidna-Box du Ciel, le jeune homme l’avait déjà ouverte, et elle était incarnée par ce fameux cercle au milieu de la poitrine de l’adversaire. Il supposait qu’il n’avait qu’à entrer en contact avec elle pour que son pouvoir vienne l’habiter… Et c’est ce qu’il allait faire !
Anawak prit une inspiration et se mit à courir en direction de l’ennemi. Dans le même temps, L’Autre fonça, volant vers lui plus rapide que jamais, sa rage s’échappant par tous les pores de sa peau, sans limites, sans contrôle. Au moment du contact, les deux firent exploser leurs flammes et se frappèrent simultanément. Les forces n’étaient pas égales, c’était certain, et le jeune Eternel se prit un coup de poing qui le sonna vraiment et l’assomma à moitié.
« Bordel ! Fils de pu… » commença-t-il à crier avant de se prendre un nouveau coup violent au front. Là ça n’allait pas du tout. Le jeune homme hurla et frappa à son tour, quatre fois. Deux directs du gauche au plexus solaire, un uppercut bien placé au menton et un coup de genoux dans la hanche droite. L’Autre vacilla et Léon profita pour lui plaquer sa paume enflammée sur le torse, là où se trouvait la tête de la Méduse.
Comme un souffle de vie, ou un souffle de mort. Dans un bruit de fin du monde, une explosion retentit, qui envoya les deux adversaires dans des directions diamétralement opposées, illuminés par un éclair blanc, et qui vit s’écrouler un gros pan du plafond tandis que les murs et le sol se fissurèrent en plusieurs endroits. Puis le silence revint, ponctué par les lourdes respirations des deux Léon, séparés par plusieurs dizaines de mètres. La poussière flottant dans l’air se dissipa peu à peu, dévoilant les deux hommes qui se jaugeaient. L’un semblait particulièrement intrigué par ce qu’était devenu l’autre… Et c’était bien le double qui commençait à douter de son pouvoir !
Avec la fumée qui se dissipait, Anawak apparut totalement différent de tel qu’il était avant. Le contact avec l’adversaire. En effet, un genou au sol, une main posée au sol, l’autre dressée devant lui, il semblait avoir fait face avec brio à la puissante détonation. Mais le plus surprenant, c’était ce qui avait « poussé » sur son corps. Le jeune homme se retrouvait équipé de grosses épaulières rouges-dorées à la grecque. Son buste était recouvert de plusieurs plaques métalliques de même ton comprenant également l’emblème de la Famille encadré de serpents. Dans son dos, un léger halo lumineux et orangé se dessinait, causé par six réacteurs de flammes du ciel qui lui serviraient à se maintenir en l’air, comme c’était le cas pour L’Autre. A son poignet gauche, deux bracelets métalliques entrecroisés. Quant à son bras droit, il était dissimulé sous une cubitière et une rondelle, articulées avec un canon d’avant-bras qui se terminait par un gantelet roux-doré et noir, le dos de la main décoré de l’Ouroboros en « 8 » horizontal. Ses deux artefacts, le bracelet et l’Anneau, étaient toujours à leur place.
Léon se retrouvait avec le même équipement chargé de puissance que son ennemi qu’il cherchait à vaincre depuis des jours. Mais le sien était encore plus beau, plus luisant, plus dessiné, plus agréable à voir, plus coloré, plus… parfait.
Calme au possible, le jeune homme se releva doucement, ne prêtant plus attention à l’adversaire, son regard se perdant en exploration sur ce qu’il pouvait voir de l’armure qui le recouvrait maintenant. Il l’avait fait. Son entraînement avait aboutit. Il avait atteint le stade auquel il avait voulut parvenir depuis tant de jours, depuis qu’il avait obtenu son Anneau au Mont Olympe, en fait, quelques semaines plus tôt. Car à ce moment-là, il avait sut qu’il pourrait devenir ce qu’il était en cet instant. Il avait sut qu’il pourrait sublimer sa force et que, en combinant le pouvoir du Ciel de l’Eternel et sa Méduse, il s’équiperait de ceci : sa propre Cambio Forma. Avec ça, il venait, il en était certain, de se hisser au palmarès des quelques cinquante plus grands mafiosi de son époque, assurément…
Un regain de puissance phénoménale l’envahit alors qu’il replia ses avant-bras, fixant l’ennemi, et allumant de plus en plus les flammes de Dernière Volonté tout autour de lui, s’enveloppant d’une aura orangée, terrible. L’Autre hurla de rage, et fit éclater un véritable brasier qui laissa de grosses marques noires sur le mur dans son dos, et fonça en avant, aussi véloce qu’un carreau d’arbalète. Mais cette fois-ci, aucune surprise, Léon fit de même, et quoiqu’assez incertain sur ce qu’il faisait, il réussit à faire vrombir les réacteurs qui le portèrent dans les airs, et le firent se rapprocher à une vitesse folle de l’ennemi. Au lieu de simplement se rentrer dedans, ils s’empoignèrent et, tête contre tête, mains dans les mains, serrant chacun aussi fort qu’ils le pouvaient, ils forcèrent, pour obliger l’autre à lâcher prise, volant en tout sens, parcourant sans arrêt la grande salle d’entraînement en piteux état, se cognant partout, sans pour autant se séparer.
Dans cette violente étreinte pour la victoire, puisque celle-ci se trouvait assurément au bout du chemin, ils luttaient tant qu’ils le pouvaient, désirant tout deux mettre K.O. l’adversaire. Léon commençait déjà à sentir la fatigue l’envahir, alors qu’il avait endossé son armure depuis deux ou trois minutes à tout casser. L’Autre ne vacillait pas, toujours égal à lui-même, guidé par une haine et une envie de meurtre sans précédent.
« Tsss… ordure… Raaaaah !! Ras-le-bol de devoir perdre contre un faux, un usurpateur, un simple double qui ne vaut rien ! La haine est un sentiment stérile… !! » souffla Léon, plus pour se motiver que pour parler à son double, qui de toute manière restait parfaitement stoïque et muet. Les deux combattants s’immobilisèrent dans les airs, à quelques cinq mètres du sol, crachant tant de flammes d’un côté que de l’autre.
Anawak ferma les yeux, crispant ses paupières et tout son visage dans un visible effort pour ne pas céder. Dans un cri, il fit hurler ses six réacteurs dorsaux, qui crachèrent plus de feu encore, et il commença à repousser son adversaire, la sueur glissant sur leurs deux fronts. Il ne regardait toujours pas ce qui se passait, et, l’épuisement le gagnant de plus en plus, il tenta de faire le vide en lui. Il se sentait partir, défaillir… Soudainement, il rouvrit les yeux et projeta ses pieds joints dans l’estomac de L’Autre qui, surprit, expira tout l’air de ses poumons et relâcha les mains de l’Eternel, tombant au sol, lourdement. Se propulsant et chutant en même temps, il suivit la même trajectoire que l’adversaire, son poing recouvert de métal en avant, entouré de flammes impressionnantes. Il toucha le sol sous le regard stupéfait et terrifié de l’ennemi. Enfin, il avait peur, il n’avait plus de rage. Pour Léon, aucune joie, aucun bien-être particulier ni aucun plaisir à avoir tué son double. De toute manière, il était comme une illusion, une épreuve imposée par son esprit.
L’avant-bras droit d’Anawak était presque entièrement enfoncé dans le ventre de L’Autre, transperçant chairs, os, organes, muscles… Du sang un peu partout. Un dernier sourire éclaira le visage du mourant. Plus de la provocation, de la supériorité, ou de la moquerie. Comme une satisfaction… Ce pour quoi il avait été créé, c’était poussé Léon dans ses derniers retranchements et lui permettre de développer cette Cambio Forma. C’était accompli. Il partait dans le néant, à juste raison, et après avoir réussit ce qu’il devait faire.
Le jeune homme victorieux, lui, ne bougea pas. Il ne remarqua même que son double se dissipait peu à peu, ne laissant que le sang qui s’était échappé de son corps comme seul souvenir. Il ne remarqua pas non plus la disparition de Cambio Forma, le retour de ses artefacts Eternels à leur forme d’origine… Il sombra doucement dans un sommeil d’épuisement et de contentement et tomba en avant, face contre sol, inconscient au milieu des débris de la salle d’entraînement.
Il avait gagné…
HRP : Voilà, c'est ici et maintenant que je clos mon entraînement. Merci à ceux qui l'on suivit, en espérant que vous y ayez pris autant de plaisir que j'en ai moi-même eut à l'écrire. J'espère ne pas avoir été trop lourd, trop pointilleux, avoir trop détaillé, etc. On va dire que ce sont les petites craintes de quelqu'un qui aime écrire mais n'a rien du tout d'un professionnel ^^ Si la suite des "aventures" de Léon vous intéresse, et bien le prochain lien
que voici y mène directement, dans le QG de l'Eterna Famiglia, comme toujours. Voili-voilou, bonne soirée tout le monde =)
PS : Aussi futile et inutile que ça puisse être, je suis tout fier d'annoncer quelques 50 à 60 vues, depuis le premier Acte, pour mon entraînement ^^ Bref, bye !
EDIT de LB-X : Bon, avec toujours autant de futilité, je porte à presque 100 le nombre de vues ^^ (dans les 80 ou 90, je crois) Je suis trop orgueilleux, vraiment je m'excuse ^^'