Palais des sens : la caverne des sombres ténèbres.

Ce matin, le réveil fût brutal pour Mangetsu qui s'était réveillé en sursaut, des sueurs perlaient sur son front lisses, il avait vu un cauchemar. Celui de mourir aujourd'hui, quel rêve insensé se disait-il, à son réveil, non habituel. Il se leva rapidement de son lit dont le drap bleu maintenant plissé était mouillé, la sueur de Mangetsu ne l'avait pas épargné, à son grand regret. Le Titan du Soleil prit son paquet de cigarettes, positionné à côté de son lit sur un meuble en bois, à côté de son cendrier en argent, transparent. Lorsqu'il vit le nombre de filtres aplatis dans le cendrier, il eut un léger teint pâle sur son visage. 18. 18 filtres gisaient dans le cendrier, entourés de cendres grisâtres et saupoudrées. Personne ne lui avait reproché son attitude de toxico jusqu'à maintenant mais il se dit qu'il fumait un peu trop, ses poumons n'étaient plus. Il prit son cendrier avec lui, en faisant un sourire à chaque seconde où il vit les filtres, ce n'était pas ça qu'il allait le tuer, certainement pas.

En effet, Mangetsu préférait une mort plus digne d'un mafieux. Perdre la vie en gisant dans son propre sang était le comble du déshonneur pour lui. Mourir debout était sans doute son rêve impossible, mourir debout sans perdre l'honneur d'un boss, un idéal inatteignable en somme. Toutefois, s'il souhaitait ceci, il le ferrait, ce n'est pas ceci qui l'inquiétait, mais surtout de mourir sans trop vieillir, sans que sa renommée de mafieux s'éteigne comme toutes les histoires, comme celle d'Al Capone, par exemple. Il ouvrit la fenêtre qui git un instant, il fallait l'huiler pour rendre le mouvement plus fluide, mais sans doute plus tard, il avait besoin de fumer là, et tout de suite. Grandement ouverte, il s'accouda devant la fenêtre et s'offrit à la fraîche brise matinale, sans chemise sur son torse. Lorsqu'il posa son cendrier sur le rempart en face de sa fenêtre, le cendre s'envola rapidement, en se levant telles des feuilles mortes influencées par une tempête. Le titan ouvrit son paquet et piocha une cigarette "Mild Seven" qu'il alluma avec son zippo perfectionné à son attention, et rien que pour lui.

Des minutes passèrent, mais il était encore tôt, l'atmosphère se voulait froid en toutes circonstances. En se penchant par dessus la fenêtre et en tournant sa tête vers la droite, il pouvait voir le resplendissant volcan de l'Etna, des rayons orangées perçaient le ciel s'offrant au bonjour du soleil. Non, le soleil, l'étoile, pas Mangetsu, qui ne pensait qu'à fumer en regardant la nature s'épanouir. De la buée s'était à présent formée sur la fenêtre, derrière lui, et l'Eternel frémit le temps un instant. Il se précipita de fermer la fenêtre en aplatissant sa cigarette. 21, maintenant. Le boss laissa le cendrier dehors, le vent allait le nettoyer en emportant dans son élan les corps et leurs cendres. Il ferma derrière lui l'entrée et se dirigea vers son armoire, histoire de se munir d'une chemise, parce qu'il avait froid, mine de rien. De plus, il avait un combat aujourd'hui, un combat contre Saikô, le boss de la toute nouvelle famille Cosmo, alors il se devait d'être un minimum préparé avant de se jeter dans la gueule du loup.

Une chemise noire en soie, soigneusement préparée pour lui, et rien que pour lui. Aucune imperfection dans la manière de la coudre, elle se devait d'être portée sur un homme qui la mettrait en valeur, elle et soi-même, par la même occasion. Il l'enfila rapidement et laissa les deux premiers boutons ouverts, de façon à voir l'éclat de la chaîne en or qu'il mit à l'instant, et aussi parce qu'il détestait autant de formalité sur une tenue, Mangetsu voulait la porter comme il la voulait, point. L'Eternel mit sa ceinture de boîtes au tour de sa taille, et vérifia si toutes ses boîtes étaient présentes, personne ne manquait à l'appel. Occasionnellement, il prit un pistolet avec lui, parce qu'il avait les frais de sa puissance non négligeable accompagnée avec des flammes, en combattant Saikô. Un Desert Eagle, sa puissance brute de tir n'était pas des moindres, ce n'était pas n'importe quelle persone qui pouvait la brandir et presser la gâchette, le tout en argent, bien évidemment. Il le mit dans son dos, et le couvrit avec sa chemise, il était encore tôt, et Mangetsu allait sortir en ville. Bien qu'il soit respecté de tous et connu pour sa réputation, il ne voulait pas les effrayer. Le Titan mit son paquet dans sa poche droite et son zippo avec, puis sortit de sa chambre, personne n'était réveillé, à part Léon, peut-être, les deux autorités de la famille se levaient très tôt...

Lorsqu'il ouvrit la porte massive du manoir, une violente charge de vent claqua son visage, bien que ce fut excellent de se faire réveiller de cette façon, il devrait le faire plus souvent. Le lieu de leur combat était loin, mais ça devait être ainsi. Juste après le traité de paix entre les deux familles, se battre à la vue de tous dans un lieu public n'allaient pas arranger les choses, loin de là. Le terrain était spécial, une grotte, cachée à la vue de tous, dans un lieu reculé, le Titan devait rouler quelques heures en voiture pour s'y rendre, quelle plaie... Une voiture, oui. Léon n'était pas le seul à avoir des voitures personnelles, Mangetsu en possédait également et pas des moindres, une dizaine de voitures de sport et de luxes, utilisées pour se rendre à des bals ou des réunions entre mafieux... A bord de sa voiture, il sillonnait l'asphalte avec ces pneus criant lors des virages. La fenêtre ouverte, le vent s'exclama comme des voix humaines, le bourdonnement lui empêchait d'entendre la radio, mais tant pis, il ne voulait pas avoir un nuage de fumée dans la voiture.

Au fond de lui, Mangetsu savait que sa technique avait salement amoché son adversaire, Saikô. Même ceux étant dans la lumière peinait à éviter les dégâts, il ne fallait pas attendre un exploit de celui étant dans le noir, mais pourtant, il se méfiait. L’Eternel aiguisa ses 4 autres sens afin de se mouvoir dans cette grotte ténébreuse. Ses oreilles captaient chaque bruits, chaque respirations, chaque picotements des pattes des insectes, chaque mouvements, chaque clapotis, pratiquement tout ce qui se passait dans cette grotte. Au fur et à mesure qu’il avançait, l’odeur iodée de l’eau se fortifiait et filtrait à travers les mailles de son nez, le guidant dans ses pas et l’enivrant pour le plaisir. Tic. Tic. Tic. Toc. Un bruit. Non, des bruits. Des gouttes d’eau. Mangetsu se mit rapidement sur ses gardes et prit son Desert Eagle. Sans trop réfléchir aux conséquences de ce qui se passerait, il tira dans un excès d’adrénaline dans la direction souhaitée, avec une rage folle.Les quelques coups de feu qu’il avait tirés n’allèrent pas dans le vide, deux d’entre eux atteignirent destination en frappant Saikô, il l’avait entendu, mais ne savait pas où et ça lui embrouillait l’esprit…

Des pas s’approchèrent du Titan, se glissant avec une férocité sans égale et vitesse stupéfiante, martelant le sol. Avant même de pouvoir se remettre en garde, l’Eterna sentit le contact d’un coup de point sur ta tempe. Sa réaction se voulait d’être rapide. Dans un geste fluide mais tout aussi véloce, Mangetsu évita le coup de poing, en écartant sa tête, qui lui ouvra toute fois l’arcade sourcilière, le sang coula le long de son visage comme les goutes qui rejoignirent le courant d’air. Les deux protagonistes prirent du recul l’un par à rapport à l’autre pour se concentrer dans leur futur combat de corps à corps, de petits halètements servaient de requiem aux deux combattants.

Chaque coup infligé était accompagné d’un cri de guerre pour se motiver et sans doute pour oublier la douleur. Mangetsu recevait des coups assez dévastateurs à cause des coups de poings de Saikô, ses gants libéraient la foudre le brûlant parfois, très souvent même. Quant au Cosmo, il n’était pas à l’abri des coups de crosse assez violents et les boules de feu qui fusèrent dans les airs, explosant l’endroit où elles touchaient, levant l’eau à une certaine hauteur, ou encore provoquait des déboulements de terrains et rochers. Il l’entendait. Cette manière de se battre ressemblait bizarrement à celle d’Ayame, son ancien boss maintenant retirée du monde mafieux. Les boules de feux brûlant les personnes sans laisser leur os, c’était tout simplement une façon titanesque de sa battre, il l’admirait pour ça, et voilà qu’il s’était mis à faire la même chose.

Les deux adversaires ne se voyaient pas mais pouvaient sentir la quantité de sang se vider de leur corps et rejoindre l’eau, l’entachant d’un rouge écarlate, sans doute. Ce dont Mangetsu était sûr, c’est que chacun des coups attribuaient aux frappeurs une expression sauvage et motivée, tout les deux voulaient gagner, la rage de vaincre prédominait sur la raison, l’instinct animal libéré. Chaque minute passée représentait de terribles et douloureux coups de poings, flammes, des tirs ou encore des coups de crosses pouvant massacrer la tête d’un autre. Cette longue épopée de combattants ressemblants à Hercule, Apollon pour Mangetsu, s’arrêta le temps d’un instant, laissant place à des sifflements d’air et des râles assez puissants. Dans le corps de l’Eternel, un barrage s’était brisé, sur sa peau perlaient d’énorme quantité de sueurs. Certaines mèches de ses cheveux noirs jais s’étaient graissées de son sang, se collant entre elle, et devenant lourds…

Mangetsu hydrata ses lèvres craquelées, mais ne pouvait toujours pas s’arrêter d’humer l’air avec puissance, ses poumons pompaient sans s’arrêter pour offrir le nécessaire à l’homme… La faible brise caressait sa nuque en sueur, ses bras regorgeaient encore de l’énergie, celle qui lui permettra d’arriver à la fin de ce combat épique. Le fumeur inséra son Desert Eagle à sa ceinture de boîte, puis s’empressa d’enflammer son anneau de la tempête par léguée par la très chère et séduisante Ayame. Il pouvait entendre la respiration de Saikô revenir à la normale, en même temps que la sienne diminuait en decrescendo, retournant dans des notes sans sentiments et amours. Il devait faire vite. Le Titan emboîta son anneau dans la boîte contenant son sabre.

Une fois la lame apparut devant lui, en l’air, l’homme s’empressa de l’empoigner dans sa main gauche et commença à vaciller sur lui-même avant de s’engager dans son action. Mangetsu se jeta rapidement sur son adversaire, qu’il pouvait plus ou moins repérer en étant aveugle, à l’aide de son organisme qui respirait, le trahissant. Chaque pas de l’Eternel soulevait l’eau, lui donnait des ondulations, et sa position à son ennemi, sûrement sur ses gardes maintenant. Saikô ne pouvait sans doute pas le voir mais une expression brutale s’était installée sur le visage du Titan, une expression sombre, furtive et meurtrière, saupoudrée d’une once de concentration.

Mangetsu ne s’arrêta pas, contre toutes les attentes de son adversaire qui ne s’était sans doute pas préparé à ça. En heurtant avec son épaule droit dans le ventre du Skyllet, il le souleva et se rua dans un cri de guerre à l’endroit où le bruit de l’eau s’emblait prendre de l’ampleur… Saikô martelait avec de lourds coups le dos de son assaillant, sans ce que ces coups n’arrêtent Mangetsu dans son furtif élan. Subitement, les pieds de l’Eternel ne touchèrent plus rien, le vide absolu sous son point d’appui, aucune plateforme terrestre. Un petit sentiment terreur l’envahit, non qu’il s’inquiète de mourir de cette chute, sachant que c’était de l’eau, en bas, mais l’auteur qui les séparait de la surface de l'eau, il n'en savait rien…

Dans l’air, les deux protagonistes se dispersèrent, tel le sable se volatilisant à un subit coup de vent. Le moment idéal pour porter une attaque surprise, mais peut-être inutile, dans l’air. Profitant du fait que Saikô soit encore proche du Titan de l’astre solaire suprême, il s’entreprit de le frapper avec un violent coup de fourreau dans les côtés, l'objet recouvert de flammes de la tempête… Sa lourde tombée au pied de la chute d’eau fut violente, il se voyait martelé de la descente infernale et lourde de l’eau, martelant le corps meurtri de l’Eternel...